from the book
Qu’est-ce qu’un Juif? Il y a quelques années se posa, en Israël (et par conséquent aussi dans d’autres pays), la question de savoir qui était juif. Ce problème provoqua partout une grande commotion. On se rendait bien compte que l’on se trouvait confronté là à un problème crucial. En vérité pourtant, les discussions n’aboutirent pas à grand-chose d’autre qu’une définition superficielle, à savoir qui doit être et qui ne doit pas être inclus dans cette catégorie. La plupart des cas traités furent marginaux, ce qui eut pour conséquence de repousser ce qui était en fait le problème principal, c’est-à-dire: qu’est-ce qui fait qu’un Juif est un Juif sans aucun doute? Les différentes réponses apportées pour les cas marginaux se basèrent sur la définition universellement reconnue de ce qu’est un Juif, mais le problème central ne fut pas abordé. Qu’est-ce qu’un Juif? : voilà un problème qui préoccupe d’une manière ou d’une autre toute personne qui revendique son appartenance au judaïsme. Trancher clairement sur ce sujet peut amener à déterminer le rapport des Juifs (de ceux qui sont considérés comme Juifs sans le moindre doute) à leur nation, et ce point est donc de la plus haute importance pour l’essence et l’existence du peuple juif. Une définition globale et significative doit déterminer si, et jusqu’à quel point, les Juifs existent et si le judaïsme a un sens intrinsèque autre que d’être défini de l’extérieur par les antisémites de tout bord. Le fait même qu’une telle définition, nationale, religieuse ou biologique, puisse exister va établir le sens et par conséquent les limites de l’entité juive. Les générations antérieures n’ont pas eu ce genre de problème. La situation était claire et sans équivoque. Etait juif celui qui acceptait par sa foi et son mode de vie la totalité des obligations imposées par la religion juive. Toute déviation grave de ce chemin était considérée comme une rupture avec le judaïsme. Ceux qui étaient concernés n’étaient pas que des Juifs qui se convertissaient à d’autres religions. D’un point de vue halakhique, les apostats appartiennet malgré tout encore au peuple juif (“Le Juif, même s’il a péché, reste toujours un Juif”, Sanhedrin 44a). Il était néanmoins clair que celui qui abandonnait la religion juive n’était plus de facto un Juif. Donc, même ceux qui ne se convertissaient pas à d’autres religions, mais qui déviaient seulement seulement des règles reconnues et des contraintes de la Halakha, finissaient par être détachés du peuple juif soit ipso facto, soit par un acte volontaire. La plupart des sectes hérétiques ou celles qui ont déviés de la Halakha se sont retrouvées hors du peuple juif. Le résultat est que le judaïsme est resté une unité essentiellement monolithique dont le mode de vie est défini par la Halakha et le mode de pensée et les sentiments fondés par un héritage culturel spécifique. On peut donc affirmer que, en ce qui concerne à la fois la compréhension de l’histoire juive et ses effets sur le présent juif, le judaïsme est un concept bien défini et unifié.