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Henri Bergson : Dieu Vivant

Dan Scher

Genre: Anthology

2013

about the book

Une biographie intellectuelle de l’un des philosophes français les plus importants de la première moitié du XXe siècle, auteur des Deux Sources de la Morale et de la Religion qui se disposait à se convertir au christianisme.

from the book

Henri-Louis Bergson (Paris 1859 – 1941) n’avait pas de culture juive. Son père, émigré allemand, descendait d’une lignée juive de banquiers polonaise ; sa mère, juive également, était anglaise. Bergson grandit à Londres avant de regagner Paris à l’âge de neuf ans. Ses parents le placèrent en pension dans une institution israélite du nom de Springer, située au 34, rue de la Tour d’Auvergne, où il passa plusieurs années. Son ambiance n’était pas particulièrement propice à susciter l’intérêt pour les choses juives. Bergson n’aurait pas du reste manifesté de curiosité particulière pour ses origines juives. Les références au judaïsme dans son œuvre sont rares. Elles se bornent à souligner la contribution des Prophètes au phénomène religieux. Il loue leur sens de la justice ; il ne les considère pas pour autant comme des mystiques, en lesquels s’incarne la créativité spirituelle. Sa culture juive se limitait visiblement à la lecture des Écritures et à une lecture volontiers chrétienne puisqu’elle considérait le christianisme comme le couronnement du judaïsme. Sans amarres dans la tradition rabbinique, il souhaitait adhérer au catholicisme, une adhésion plus morale que religieuse, à en croire sa femme écrivant à Emmanuel Mounier (Grenoble, 1905 – Châtenay-Malabry, 1950), l’une des figures intellectuelles les plus importantes de son époque : « Tout en déclarant son “ adhésion morale ” au catholicisme, mon mari avait résolu de ne pas franchir le pas décisif du baptême. » Dans son testament, Bergson confirma sa proximité avec le catholicisme et donna les raisons qui l’empêchèrent de se convertir : « Mes réflexions m’ont amené de plus en plus près du catholicisme où je vois l’achèvement complet du judaïsme. Je me serais converti si je n’avais vu se préparer depuis des années la formidable vague d’antisémitisme qui va déferler sur le monde. J’ai voulu rester parmi ceux qui seront demain des persécutés. » L’antisémitisme tenait lieu de doctrine politique en Allemagne et sévissait dans les milieux éclairés et populaires en France. Bergson ne pouvait se présenter aux fonts baptismaux sans fermer derrière-lui la porte de la Synagogue. Or si celle-ci s’était vidée de toute substance, elle continuait à s’attirer la hargne des nations et de suppurer dans leurs mauvais esprits.

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