from the book
Les sages du Talmud étaient des hommes liges de Dieu. Ils se revendiquaient de lui sans trop s’encombrer de son existence ou de sa non-existence. Ils trouvaient leur loisir à débattre et ils s’amusaient d’autant plus impunément qu’ils avaient – peut-être – l’impression que Dieu dormait et qu’il les rêvait interprétant son rêve. Il n’était pas tant question pour eux de penser l’être et le néant que de s’insinuer dans le rêve de Dieu et de rêver avec lui. Peut-être de ce monde-ci ; peut-être d’un autre monde. Sûrement du monde à venir. Dans tous les cas, leur texte se propose comme une vaste couverture, cousue de morceaux disparates, sous laquelle se conserveraient des monceaux de rêves dont on ne saurait plus qui les a rêvés, de Dieu excité par l’homme ou de l’homme inspiré par Dieu. Cela part dans tous les sens, génère tous les sens, promet tous les sens. Le discours, cohérent et systématique, n’est pas indiqué pour restituer ces marmonnements, ces commentaires, ces remarques… ces variations sur cette partition de la révélation sinaïtique que représenterait la Bible. La narration historique et littéraire bute contre les vestiges d’une Parole éclatée en attente permanente de son ravalement.