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LE CONTE DES AUTOMATES AMOUREUX
Extrait du Livre de la légende des automates
Il était une fois un automate, un jouet. Ce jouet était conçu pour habiter deux maisons: il en avait donc deux, dans des villes différentes. Quand le jouet habitait l’une, il oubliait l’autre. Et quand il habitait la seconde, il oubliait la première. De temps à autre, une sorte d’horloge intérieure le conduisait de l’une à l’autre. Il suffisait parfois d’un incident anodin dans la rue, d’une sonnerie qui éveillait son angoisse ou d’un mot écorché. On l’avait frôlé de trop près. Quelque chose l’avait mis en colère. Une lumière s’était allumée dans sa tête, et d’autres chose de ce genre. Un jour, une petite automate, une babiole, croisa son chemin. Il n’avait jamais vu ça. Quelque chose qui eût ressemblé à son âme, s’il en avait possédé une, s’élança bers elle. Les jouets se mirent à samuser ensemble. Ils batifolèrent jusqu’à l’épuisement, puis s’affalèrent sur un banc, dans une avenue de la ville, et s’assoupirent.