Contes des miroirs brisés

Haviva Pedaya

Genre: Contes

2015

about the book

Les Contes des miroirs brisés, avec leur cortège de doubles, d’alter ego et de reflets, nous invitent à lire les rapports que l’homme entretient avec les êtres aimés à l’aune des forces et passions qui se trament, invisibles à l’œil nu, entre les murs de la demeure en péril. Les personnages de Haviva Pedaya – hommes et femmes à la croisée des chemins, automates amoureux, anges-marionnettistes, Adam et Eve primordiaux ou éternellement répétés – réapparaissent d’un conte à l’autre, tissant une magistrale allégorie de l’existence humaine, entre l’implacabilité du destin et la force du libre arbitre. Dans ces contes métaphysiques qui évoquent les figures mythiques de Narcisse ou de Pygmalion, puisent leurs thèmes et leurs structures dans le hassidisme et la kabbale, mêlent le souffle poétique biblique à l’interrogation talmudique et allient l’écho des Mille et unes nuits à la tradition de la littérature fantastique, l’auteur sonde les contrées désolées où l’homme, dans la solitude de la conscience, attend le réconfort d’un geste d’amour.

from the book

LE CONTE DES AUTOMATES AMOUREUX

Extrait du Livre de la légende des automates
Il était une fois un automate, un jouet. Ce jouet était conçu pour habiter deux maisons: il en avait donc deux, dans des villes différentes. Quand le jouet habitait l’une, il oubliait l’autre. Et quand il habitait la seconde, il oubliait la première. De temps à autre, une sorte d’horloge intérieure le conduisait de l’une à l’autre. Il suffisait parfois d’un incident anodin dans la rue, d’une sonnerie qui éveillait son angoisse ou d’un mot écorché. On l’avait frôlé de trop près. Quelque chose l’avait mis en colère. Une lumière s’était allumée dans sa tête, et d’autres chose de ce genre. Un jour, une petite automate, une babiole, croisa son chemin. Il n’avait jamais vu ça. Quelque chose qui eût ressemblé à son âme, s’il en avait possédé une, s’élança bers elle. Les jouets se mirent à samuser ensemble. Ils batifolèrent jusqu’à l’épuisement, puis s’affalèrent sur un banc, dans une avenue de la ville, et s’assoupirent.

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